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Carne de Julia Richard

Je vous propose cette semaine de découvrir une auteure peu connue : Julia Richard et son second roman : Carne.

Résumé :


"OK Google, ça correspond à combien de calories un corps humain ?"

Simon ne va pas bien. D'ailleurs, depuis qu'il s'est mis à vouloir manger de l'humain, les choses ne tournent pas bien rond dans sa tête.

Face à une société qui les traite, lui et ses congénères, comme des zombies, il fait de son mieux pour garder sa dignité, s'occuper de sa famille et être professionnel au bureau. Mais comment rester soi-même quand la faim frappe à la porte avec autant de délicatesse qu'un tank sur un champ de mines ?

Contraint à gérer son état parasite en maintenant l'illusion de la routine, il décide d'en faire une histoire de famille. Et vous savez ce qu'on dit sur les histoires de famille ? C'est toujours un sacré bordel.

Et si on avait une bonne excuse pour croire à une apocalypse zombie ? Comment réagiraient les populations ? Les gouvernements ? Quel impact auraient nos médias ? Comment pourrions-nous être sûrs d'être dans le camp des héros ? Et que feraient ceux à qui on donne le mauvais rôle ?

La culture de masse nous fait fantasmer les zombies, mais s'ils devenaient notre quotidien, qu'en ferions-nous ?

Un postulat de départ sombre pour un fable d'anticipation sociale aux notes pop et punk."

 

Avis :

Note : B


Ce livre est à la fois une très belle découverte, une histoire originale dans un style décapant mais aussi une petite déception. Pour vous expliquer mon ressenti de lecture je dois découper ma critique en deux parties.


Tout d'abord parlons des deux premiers tiers du roman auxquels je comptais mettre un A. D'une part j'ai trouvé l'histoire très originale : loin d'une vision classique des zombies comme on en trouve par dizaine au cinéma ou dans les livres d'horreur, l'auteur part du postulat qu'il s'agit de personnes normales qui subissent des crises durant lesquelles elles ont besoin de manger de la viande crue et attaquent les gens. Simon, le narrateur est un père de famille dans cette situation et on est rapidement en empathie avec lui. En effet même sa personnalité évolue, il reste lucide sur qui il est et reste lui-même la plupart du temps. J'était plongée dans l'histoire, je comprenais la peur de Simon, ressentais son stress et je n'avais aucune envie d'arrêter ma lecture.


La structure même du roman est bien pensée. Les chapitres ne se suivent pas dans leur temporalité pourtant le lecteur est assez peu perdu : l'auteur centralise l'attention de Simon autour d'un évènement marquant auquel j'ai pu me raccrocher pour mettre les pièces du puzzle dans l'ordre. De plus ce mélange dans la temporalité des évènements fait un très bel écho avec la confusion du personnage qui est lui-même perdu dans ce qu'il vit.


Malheureusement arrivée au dernier tiers du roman, plusieurs points négatifs m'ont sortie de l'histoire et déplu. Au fur et à mesure de l'histoire le style de l'auteur commence à prendre le pas sur le narrateur et son réalisme. Julia Richard a un style très marqué : elle n'hésite pas à être frontale, gore et ironique dans ses propos. Au début de l'histoire elle trouve un très bon équilibre entre le sérieux de la situation incluant des scènes gores et stressante et l'ironie plus légère pour faire souffler le lectuer. Cela permet d'être en empathie avec le personnage tout ayant une soupape de sécurité. Pourtant petit à petit, on sent de plus en plus l'auteur et son "m'en foutisme" dans les propos du narrateur et à plusieurs moments je me suis fait la remarque que les réactions de Simon n'étaient pas cohérentes avec celle d'un père de famille, même dépassé par les évènements ce qui a contribué à étioler mon lien avec le personnage.

Les derniers chapitres du livre ont ensuite achevé mon intérêt pour l'histoire. Simon se retrouve dans une situation tragique qui aurait pu constituer une fin tragi-comique amenant le lecteur à se poser des questions sur les réactions humaines et notre rapport au divertissement. Au lieu de ça, l'auteur a pris le parti d'une fin totalement à contre-courant misant tout sur l'ironie et le tout est bien qui finit bien... je n'ai pas du tout compris cette fin. J'ai eu la sensation qu'on piétinait l'émotion que m'avait suscité le livre et je me suis sentie trahie en tant que lectrice impliquée.. Cela m'a laissé un goût amer pour une lecture qui avait si bien commencé !


Cela reste néanmoins une très bonne découverte avec un propos original que je vous conseille si le gore ne vous fait pas peur !

 
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